Jean-Luc Gabet, Christophe Schneider, François Jacquier 

Initialement prévue dimanche cette sortie est repoussée au lundi pour de meilleures dispos pour chacun. Le but principal est d'aller terminer la topographie de la Galerie des Zipos découverte en 2009 aux confins de la cavité au-delà d'une voûte mouillante d'une vingtaine de mètres.

 Rendez-vous à 10h30 au Pont de Lizon puis direction Lavancia à deux voitures car Jean-Luc tient à rester autonome dans la mesure où il a un rendez-vous au chez le dentiste en début de soirée. Une fois arrivés nous préparons les sacs aux voitures et nous effectuons la marche d'approche en tenue légère sous un soleil de plomb. Arrivés à quelques mètres de l'entrée nous sentons déjà le courant d'air glacé qui nous caresse les cuisses, ce qui est de bonne augure pour les passages inondés. Suant soufflant nous nous équipons d'un pantalon néo et d'un Rhovyl, ce qui est largement suffisant jusque à la voûte mouillante des Zipos. Les vestes néo sont bourrées dans les sacs ainsi que le matériel topographique, le matos de progression verticale et un peu de bouffe.

Il est presque midi quand nous pénétrons dans le laminoir d'entrée. Un peu plus loin les passages inondés ont encore baissé depuis notre dernier passage avec Marie, une bonne partie se fait même complètement à sec, ça change des fois où on passait là avec le nez à la voûte. L'ancien siphon n'est aussi qu'un lointain souvenir. Christophe qui ne connaît pas la cavité a droit aux commentaires et historique détaillés des deux inventeurs de cette partie.

Au "Vestiaire" nous effectuons une courte halte pour enfiler toute la quincaillerie nécessaire à la descente de la zone des puits. Un peu plus loin l'ex "Siphon de sable" nous attend sagement, là aussi le niveau d'eau ne pose aucun problème. Puis c'est la remontée progressive dans un beau couloir jusqu'au carrefour qui dessert soit la cheminée de la Messe, soit la galerie des Zipos, objectif du jour. Nouvelle halte cette fois ci pour enfiler nos veste néoprène. Un strip-tease au fin fond d'une grotte et personne pour faire une photo ! Les paparazzis c'est plus ce que c'était !

La séance topo peut débuter, d'abord dans une première galerie sur la droite longue d'une trentaine de mètres qui se termine sur un laminoir siphonnant, puis on recommence dans la seconde galerie, la plus importante. Le président s'attache à l'extrémité du décamètre tandis que Christophe et Jean-Luc partent en avant en déroulant le ruban. Il s'arrêtent à chaque changement de direction et mesurent les longueurs. Une visée dans le compas optique pour déterminer la direction au degré près, le tout noté dans le carnet topo et le tour est jouer. On change de place et on enregistre la station suivante et ainsi de suite. La voûte mouillante ne tarde pas a faire son apparition et il faut rabattre la capuche de la combinaison et évoluer sur le dos, le nez au plafond en poussant le casque devant soi. Le passage est plus long que prévu et les mesures topographiques nous laissent bien le temps d'apprécier la fraîcheur de l'eau. Christophe nous fait d'ailleurs remarquer d'une voix plaintive qu'au courant d'eau glacé baigne son entrejambe... facteur climatique qui ne doit guère être favorable à la reproduction des petits Chaumerands...

Plus loin, la galerie se relève et nous pouvons sortir progressivement de l'eau. C'est à ce moment là que le décamètre décide de ne plus se dérouler au-delà de 12 m. Dommage car la galerie est rectiligne et nous aurions pu faire facilement des visées de 20 m. Le conduit de forme elliptique fait autour de 4 m de large mais ne mesure qu'1.5 m de haut en moyenne. Après un brusque virage à droite la galerie prend des proportions nettement plus importantes et se met à descendre de façon plus raide. Un profond chenal assez étroit forme un sillon au milieu de la galerie et indique clairement qu'un cours d'eau doit parcourir ces conduits en période pluvieuse. Ce gros tronçon de galerie se termine pourtant assez rapidement après l'apparition des premiers monticules de sable. Quelques mètres plus loin une haute diaclase s'élève dans les voûtes tandis qu'une plage de sable humide vient boucher hermétiquement le conduit qui doit plonger sous la voûte. Plus par habitude que par conviction nous grattons le sable pour trouver une hypothétique suite mais le travail paraît colossal vu le volume de sable. Par la suite, une fois rentrés chez nous, nous avons consulté les photos prises par Dom lors de la "première" en 2009 et nous n'avons pas reconnu les lieux... Le secteur doit changer continuellement de configuration en fonction des crues. Il nous est impossible de savoir si nous sommes allé plus ou moins loin que Dom et Olivier en 2009. Dom ne se souvient pas avoir vu cette haute diaclase pourtant typique avec ce qui pourrait ressembler à un départ vers son sommet.

La mission topo est terminée, nous pouvons ranger les instruments pour repartir en sens inverse tout en furetant dans les moindres recoins. Un petit passage dans les voûtes mouillantes pour nous rafraîchir les idées et nous retrouvons rapidement nos sacs d'équipements qui nous attendent gentiment au carrefour. Voici venu le moment le plus jouissif de la journée, celui où il faut enlever la veste néoprène pour renfiler la combinaison glacée... et dire qu'il y en a qui font ça pour leurs loisirs...

Quelques chocos arrosés d'un peu d'eau remonteront le moral des troupes tandis qu'une décision reste à prendre : Est-il raisonnable d'aller faire un tour au pied de la cheminée de la Messe qu'aucun d'entre nous ne connaît ? Le timing semble bon pour le rendez-vous de Jean-Luc et côté énergie personne n'est encore dans la zone rouge, donc on tente le coup.

La Messe, la messe ! On a rapidement compris pourquoi on n'y va plus ! 200 m à genoux sur des lame coupantes, un véritable Chemin de Croix où on a tout le temps d'expier tous ces péchés et ceux des autres. La souffrance est continu, à chaque fois qu'on pose sa rotule au sol. Chaque fois que l'on peut on vise les quelques plaques d'argile qui amortissent un peu les chocs douloureux : Sainte Glaise soyez bénie ! Et Jean-Luc qui taille devant, insensible à nos tourments, il n'a pas du manger les mêmes chocos que nous celui-là. Un jour il faudra envisager un contrôle antidopage !

La progression et lente avec quelques pauses pour souffler un peu, puis la rédemption apparaît au bout du tunnel sous la forme de la fameuse cheminée de la Messe.

Alléluia, nous y sommes ! Wahou que c'est haut ! les faisceaux de la Scurion et de la Tilte percent les ténèbres jusqu'au sommet où un amarrage en "Y" se découpe dans le noir de la suite. On admire également les dentelles de roche ciselées par des siècle de goutte à goutte qui tambourinent inlassablement aux mêmes endroits (Claire interprète ça comme le travail de petits lutins, c'est elle qui me l'a dit).

Il faut pourtant sortir de nos rêveries en penser au retour, comme un plaisir ne vient jamais seul, il faut refaire à l'envers les 200 m de calvaire. Jean-Luc, toujours sous l'effet de son choco EPO trace la route comme une étoile filante tandis que Christophe, par solidarité, fait mine d'en baver autant que son président.

Retour vers l'ex Siphon de Sable, il faut ensuite remettre la quincaillerie pour remonter le puits. Au sommet Jean-Luc nous abandonne pour tailler à son rendez-vous. Entre-temps il nous a avouer que "sa" dentiste était très mignonne et nous comprenons mieux l'ardeur qu'il met pour aller écouter le doux murmure de la roulette... Un type de dopage qui doit être très dur à déceler dans les urines...

Tandis que Jean-Luc file vers la sortie, Christophe et le président se dirigent vers le départ du boyau "Rectum" dans le but de vérifier l'état des amarrages. Ceux du départ semblent parfaits quoique légèrement glaiseux. Mais ni l'un ni l'autre ne sont bien chauds pour aller vérifier les suivants. Là il n'est plus question de solidarité mais plutôt d'une grosse fatigue qui commence à se faire bien sentir...

Vingt minutes plus tard c'est le retour à la lumière du jour avec l'inévitable choc thermique du passage instantané de 8 à 30°, choc toutefois bien agréable dans ce sens là !

A l'approche des voitures sur le sentier les aboiement d'un chien se font entendre et dans la minute qui suit nous voyons arriver le Dom avec sa boule de poils noirs et blancs en laisse, il vient à notre rencontre pour prendre des nouvelles.

 

Nous finirons chez lui sous sa pergola à siroter bières et cocas bien mérités. Une petite claque mais un carnet topo avec un cumul de près de 190 m de topographies supplémentaires. Le report du tracé viendra plus tard. Aucune photo pour cette sortie.