Toff Schneider, Vincent Quatrepoint, Dom Guyétand
Avec cette magnifique météo, il ne fallait pas louper une incursion profonde dans notre mythique grotte sanclaudienne, même si des chantiers importants étaient en attente depuis de (trop) nombreux mois.
Pour sa première visite dans la cavité, Toff aura droit à un plat de résistance bien copieux, puisque nous avons décidé de faire en quelque sorte un pèlerinage, jusqu’au sommet des cheminées du Vent.
Pour nos plus jeunes membres, cela ne signifie pas grand-chose, mais pour quelques anciens, c’est tout un pan de l’histoire du club.
En effet, cette grotte piège, ouverte seulement quelques jours par an, a été le théâtre de belles aventures de 1981 à 1983, avec l’ascension en escalade artificielle de 200 m de cheminées très ventilées situées au fin fond du réseau, propulsant ainsi « notre grotte » sur le devant de la scène régionale avec un record de dénivellation.
Une sacrée aventure à l’époque, sans perfo, sans météo fiable, avec un secours en prime, à l’age de 23 ans en ce qui me concerne… 20 ans plus tard, on remettait le couvert en rééquipant l’ensemble des passages sensibles, en recalibrant les rares étroitures et en mettant le téléphone. Tout ça pour relancer des escalades là où des points d’interrogations subsistaient, avec l’espoir avoué de pouvoir contourner la trémie terminale à + 263 m. Encore de belles aventures…
Mais revenons à nos moutons...
Nous nous retrouvons à 8 h, pour monter encore une fois en Duster, et c’est à 8 h 45 que nous pénétrons sous terre. Comme la dernière fois en septembre, les 300 premiers mètres sont très gras, vestige de crues bien dégueulasses. Le courant d’air est sortant mais faible.
Le torrent à – 83 m est assez gros, et ne manque pas d’impressionner Toff qui le voit pour la première fois. Ensuite longue remontée par « l’Escargot » puis le couloir H qui attend toujours ses naïades pour faire les photos de plages sur le sable immaculé.
Ensuite, étroiture du sable, galerie du sable, le Pugiloir et son histoire. Nous sommes là à la cote + 50 m, et derrière la lucarne, 213 m d’ascension nous attendent.
Notre pèlerinage a aussi un but, celui de faire un peu le point sur l’état des équipements qui sont en fixe depuis des années, en sachant que nous avons projeté de refaire un peu de ménage prochainement.
En petite forme, je monte en tête, suivi de Toff, Vincent rongeant son frein en queue de peloton… Tranquillou, nous allons remonter les puits successifs et spacieux, entrecoupés de passages plus étroits telle l’étroiture du « Ventilateur Stroboscope ».
La forme revient. Nous finissons par nous regrouper à la base de la cheminée de l’Apocalypse, où des vestiges des escalades diverses subsistent encore (80 m de corde, carbure, étriers, mousquetons HS, ect…). Abandonnant les sacs, nous poursuivons encore et montons presque sous la trémie, soit un jet plein pot magnifique de 40 m de haut pour 8 m de diamètre : Grandiose !
Petit palabre à la cote + 250 m (record de dénivellation pour Toff), en évoquant notre frustration et notre impuissance à ne pas pouvoir franchir la trémie, gage d’un énorme record et peut être d’une magistrale traversée à la clef...
Ensuite, c’est la grande descente, non sans difficultés pour certains, tellement les cordes sont grosses et gonflées, imposant parfois le descendeur en position « zéro ». Vincent, bon prince chargera sont kit des 80 m de grosse corde bien mouillée. En peu de temps, nous nous retrouvons au Pugiloir, puis à la Fontaine pour la pose casse-croûte et boisson. Poursuivant notre descente, cette fois dans des galeries moins pentues, passage par les bassins de la galerie A, puis visite de l’Aqualand à – 80 m. Nous pointons notre nez dehors après seulement 6 h 35 sous terre, sous un soleil chaud et radieux.
Pour parler chiffre, sachez que la grotte développe plus de 6000 m de galeries, et que sa dénivellation est de 353 m (-90 m, + 263m).
En effectuant notre balade, nous partons de la cote zéro, passons à la cote – 83m, remontons à zéro, puis montons jusqu’à + 250 m. Au retour, descente jusqu’à – 83 m et remontée à zéro. Ce qui fait l’équivalant de la visite d’un gouffre profond de 416 m, donc une belle balade.
Sur le sentier de retour, nous profitons de la corde qui ressort pour remplacer l’antique main-courante verte de mousse posée il y a 11 ans…
Bilan de la journée : J’aurais aimé encore plus de monde pour cette opération « cheminée ouverte »... Toff, bien emballé par cette cavité majeure, a sans doute fait un grand bon en avant techniquement, notamment avec le franchissement de plus d’une vingtaine de fractios dans les deux sens, dont certains « pas piqués des vers ». Vincent, toujours égal à lui-même, la banane aux lèvres, est déjà sur les rangs pour le futur rééquipement. Pour ma part, la forme est revenue avec l’action, et je me suis aussi inscrit sur la liste des rééquipeurs.
Coté matos, il faudra presque 400 m de corde (!), changer une vingtaine d’amarrages et faire quelques modifs afin d’améliorer certains passages un poil pénibles.
A suivre !