Marie Parachout, François Jacquier pour le S.C.S.C
Pascal Barrier, Johan Badey, Paul Cordier et Jean-Pascal Grenier pour le S.C.L

Cette première sortie de Marie aura été largement sponsorisée une nouvelle fois par des grandes marques comme Toupargel, Picard, Igloo qui, sans parler de la température, n'ont pas lésiné sur la décoration extérieure avec une débauche de givre et de brouillard artificiels, approche de Noël oblige ! Un peu trop peut-être en ce qui concerne le brouillard... pour tout dire, le président qui mène la marche depuis Les Moussières se fie beaucoup plus à son GPS qu'à la masse blanche et opaque qui occulte complétement son pare-brise... Du rarement vu !

La séance de déshabillage et des plus agréable, clim et hygrométrie parfaites et pas une mouche pour nous embêter. Quelle drôle d'idée que de vouloir compter les chauves-souris en hiver, car c'est bien là le but de la sortie d'aujourd'hui. Jean-Pascal, le Lédonien passionné de chiroptères a trouvé une autre adepte de sa secte en la personne de Marie. Pour les autres c'est l'occasion de découvrir ou de redécouvrir ce gouffre haut-jurassien.
Malgré le brouillard il y a peu de chance de manquer l'entrée entourée de panneaux jaunes qui avertissent du danger. C'est Paul qui se charge de l'équipement, le tout dans les règles de l'art, digne de son diplôme d'initiateur. Moins de 5 minutes après avoir disparu sous terre nous le revoyons remonter aussi rapidement qu'il était descendu en maugréant … Nous apprenons très vite qu'un cadavre d'animal assez gros, bien faisandé, git au pied du puits de 33 m et que l'odeur est écœurante…
En plus du brouillard, un blanc flotte alors quelques minutes au sein du groupe… Oui, bon ! y a quoi à la télé ?...
On n'a pas fait tout ce chemin pour rien et il est décidé que ce ne sont pas les narines délicates de Paul qui vont mettre la mission en péril, et les descentes reprennent. Marie profite de l'aide technique des initiateurs pour le passage du fractionnement sur double broches puis disparaît dans le puits pas plus impressionnée que ça.
C'est vrai qu'au fond il faudrait avoir le nez bien bouché pour ne pas déceler le problème… il semblerait que la masse informe étalée dans l'éboulis a dû être un mouton en des jours meilleurs. Heureusement il a eu la bonne idée de venir choir dans un endroit hors du passage, pas trop gênant sinon l'odeur. Mais on s'habitue à tout, même au pire et les recherches de chauves-souris peuvent commencer. Auscultation des plafonds, regards indiscrets dans chaque fissure, examen aux jumelles des sommets de cheminées, le rituel des adeptes ne laisse aucune chance aux quelques bébêtes planquées de ci de là. La galerie Nord-Ouest sera même escaladée jusqu'à son sommet pour y dénicher quelques irréductibles. Pas facile à deviner si nos deux spécialistes sont sérieux ou s'ils se moquent ouvertement de leurs petits camarades quand ils identifient un minuscule point noir à 20m de haut comme un myotis mytacinus ou un plecautus auricus ? Si vous le dites…
Les deux intéressés pourraient sans doute développer plus en détail mais il semblerait que la chasse ait été bonne avec une douzaine d'individus d'au moins trois espèces différentes.
Pour les quatre autres spéléos "de base", la découverte de ce gouffre avec les éclairages actuels surpuissants ne laisse pas indifférent, les volumes et les hauteurs contrastent nettement avec les autres cavités du secteur. Il est très probable que l'éboulis de la grande salle masque des prolongations importantes. En 1987 une coloration avait démontré la relation entre ce gouffre et la source du Bief Noir située 550 m en contrebas dans la vallée du Flumen.
La remontée se passe sans trop de problème et c'est la nuit et un froid humide qui nous attendent à l'extérieur. Personne ne sembla remarquer que l'air était redevenu respirable, comme quoi on s'habitue effectivement à tout !
La journée se terminera à Bellecombe, chez Marie, devant une infusion, du saucisson du comté et des noix. L'est pas belle la vie !