Jérémy Pignier, Dominique Guyétand, Jean-Luc Lacroix, François Jacquier
Une semaine après la découverte inopinée de cette nouvelle cavité, les conditions et dispositions sont réunies pour aller en faire l'exploration.
Rendez-vous est donné à Crenans chez Jean-Luc en début d'après-midi. La morosité du ciel et les averses intermittentes ne boostent pas le dynamisme du groupe et la pause café s'éternise un peu… Il faudra pourtant accepter l'idée d'aller se faire tremper et tout le monde se retrouve finalement au parking sur la route forestière. Une fois changés, équipés et déjà bien humide les ennuis commencent : Le GPS du smartphone présidentiel refuse obstinément de se caler. La position du trou apparaît bien sur le fond de carte mais il est impossible de nous situer exactement au milieu de ces pentes boisées… Il devrait pourtant n'y avoir aucune difficulté : le gouffre est pointé exactement au-dessus du "U" de "Bois du Fyète", en remettant ça à l'échelle réelle du terrain ce "U" devrait faire au moins 50 m de haut et il reste cependant introuvable… Encore une erreur des cartographes !
Sans point de repère nous nous résignons à grimper tout droit dans la pente et à faire une recherche au feeling. A mi-côte et pour une raison obscure le GPS se décide enfin à fonctionner et nous annonce de vive voix que 33 m nous séparent du gouffre. La recherche de l'orifice n'est plus alors qu'un jeu d'enfant et le pointage de la semaine précédente s'avère fiable.
Le trou est toujours bien là, en partie masqué par des branchages et un sapin couché. Ce dernier constitue d'ailleurs un excellent amarrage de tête de puits que Jean-Luc s'empresse de munir de sangles et mousquetons pour y attacher la corde. Le président, découvreur de cette cavité, aura l'honneur d'effectuer la première descente sous le regard scrutateur des 3 autres.
Certes le puits n'excède pas 6 m, mais il est très esthétique avec des cannelures et autres formes d'érosion. Comme entrevu depuis le haut, une belle diaclase s'ouvre à sa base, mais une fois le fond du puits atteint il faut vite déchanter : Le prolongement ne dépasse pas 5 m de long...
Les parois sont recouvertes de coulées de concrétions blanches qui contrastent avec un sol de terre noire humide. Pas de suite envisageable, aucun endroit où il serait tentant de creuser pour trouver une continuation. Nous passons pourtant les lieux au peigne fin pour en tirer les moindres observations. Aucune trace visible d'un quelconque prédécesseur, seule une petite salamandre rampe pour se mettre à l'abri devant cette horde d'envahisseurs casqués. Au pied de la paroi terminale nous repérons les ossements d'un marcassin qui a fini ses jours ici sans doute après une chute accidentelle et sans jamais pouvoir ressortir.
Nous devrons nous contenter de cette modeste cavité avec ses 8 m de profondeur, mais c'est tout de même une cavité de plus dans l'inventaire jurassien et sa découverte fortuite démontre que les immensités forestières en ont encore sans doute beaucoup d'autres cachées.
Reste à lui trouver un nom… On est dans le Bois du Fyète mais cette appellation toponymique risque de créer une sérieuse confusion avec le Puits du Fyète tout proche. En attendant que Jean-Luc consulte le cadastre pour, si possible, lui trouver un nom plus précis, il est décidé de le nommé "Trou du "U" en faisant prévaloir sa position sur la carte. Certains proposent même "Trou du U présidentiel" en l'honneur du découvreur mais ce dernier refuse catégoriquement en arguant que ce trou là reste encore inexploré !
Un brin de topo suivra mais ce soir il est tard...
L'après-midi s'est terminée au Puits du Fyète mais là c'est le Dom qui racontera !