Claire Mermet-Maréchal, Jean-Luc Gabet, François Jacquier
Un compte rendu qui a bien failli être passé sous silence et sur lequel nous ne nous étalerons pas trop... Un cumul de bourdes, d'étourderies et de péripéties. En cette période de Festival de Cannes on pourrait l'intituler "Les Charlots font de la spéléo" !
Tout commence vers 13 h sur le parking de l'ATAC de Lavans avec une météo pourrie. Un peu plus tard, au bout de la route du Lac d'Antre c'est une véritable rivière qui remplace le filet d'eau habituel. Nous finissons de nous changer à l'abri sous le hayon de coffre quand Jean-Luc entreprend de mettre la corde dans le sac. Après avoir longuement soulevé tout le bazar entassé dans le coffre il finit par demander :
- "Elle est où la corde ?"
- "Ben, c'est pas toi qui en a pris une ?"
- ?????...
Après quelques instants de flottement incrédule, il faut se résoudre à retourner en chercher une, le puits ne fait que 8 m mais sans corde ça ne le fera pas. Jean-Luc décide d'aller en éclaireur améliorer l'équipement en replaçant un ou deux Spits tandis que Claire et le président font un aller-retour rapide à St-Lup.
Trois quart d'heure plus tard tout le monde se retrouve sous terre au départ du boyau étroit qui mène au sommet du puits. Jean-Luc va pouvoir enfin amarrer la corde sur son magnifique Spit qui fume encore.
- "Passe-moi les mousquetons et les plaquettes"
- "Mais tu ne les as pas pris dans le coffre quand tu es parti équiper ?
- ????...
Que faire ? Retourner à la voiture à 500 m de là sous la pluie qui ne se calme pas ? On opte pour le système "D". Jean-Luc dispose d'un seul amarrage du type "As" et il sait où mettre en place un autre amarrage naturel fiable en sommet de puits. En cherchant bien le président déniche un minuscule trou dans la paroi qui communique 20 cm plus loin avec une autre excavation. Avec un peu de patience la corde finit par passer et le tout fournit un excellent amarrage naturel, idéalement placé pour la descente du boyau étroit. Jean-Luc s'insinue dans le minuscule passage long d'une dizaine de mètres qui débouche au sommet de la verticale et peut commencer l'équipement. Puis c'est au tour de Claire de jouer le rôle du ver de terre. Tout va bien au début mais les choses se compliquent sérieusement à la première chicane où ses tibias refusent obstinément de se plier à l'équerre. De longues minutes s'écoulent, ponctuées de propos inavouables que la censure nous interdit de reproduire ici. Au-dessus le président suit les événements d'un air d'abord goguenard puis légèrement teinté d'inquiétude avec le temps. De son côté Jean-Luc fait remarquer à la cantonade que Myriam et Marie n'ont connu aucune difficulté dans ce même passage... On se demande pourquoi ? L'accouchement au forceps aboutit enfin (C'est une fille ! ) et le soulagement se lit sur les visages de l'assemblée.
La voie est libre et le président peut se faufiler dans le goulet. Lui n'est pas inquiet, il a l'avantage de bien connaître l'obstacle qu'il a déjà franchi maintes fois quand il était jeune, il pousse donc son kit photo devant lui et se laisse glisser comme un sac dans le conduit argileux. Sa vitesse devient vite incontrôlable et l'arrivée sur la chicane est des plus rudes, sans compter que le genou droit a eu la fâcheuse idée d'aller se coincer en position relevée dans un renfoncement insoupçonné. La position est des plus inconfortables, sans compter que la cage thoracique se trouve fortement compressée dans le virage du tube. Aucune prise de pied pour se repousser vers le haut, l'air commence à manquer. Deuxième intervention de la censure qui occulte en partie la bande son. Après l'essoufflement c'est au tour des vertiges de faire leurs apparitions, et pour couronner le tout nous nous étions aperçus peu de temps avant que personne ne savait où nous nous trouvions... Des Charlots je vous dis !
Millimètre par millimètre, en jouant sur les coudes les hanches et les épaules, le genou finit par se décoincer. La situation s'améliore du même coup mais l'effet d'étouffement met quelques bonnes minutes à se dissiper. Assez de bévues et boulettes pour aujourd'hui, mieux vaut renoncer et remonter. Décidément, encore une étroiture qui s'est rétréci depuis nos premières visites quand nous avions seize ans ! Sans compter que le sac photo, lui, est resté coincé en contrebas dans le passage !
Claire et Jean-Luc visitent la grosse galerie inférieure après avoir descendu le puits tandis que le président remonte péniblement les quelques mètres du boyau et patiente dans un coin. L'attente n'excède pas une vingtaine de minutes avant qu'un brouhaha ne provienne du fond. Claire a fait un refus d'obstacle devant le laminoir qui donne accès à la salle terminale et tous deux entament la remontée. Aucun problème avec le puits mais les techniciens de la censure arrivent dare-dare une troisième fois pour un brouillage audio au moment du passage retour de la chicane. Les fémurs font encore des leurs et le franchissement s'avère aussi compliqué qu'à l'aller. Après un long moment Claire arrive enfin a s'extraire du passage et sort en rampant et en soufflant de son tube rocheux. Tellement heureuse d'être sortie, elle reste allongée dans la boue liquide comme un sanglier dans sa bauge.
Jean-Luc déséquipe et remonte le boyau sans problème ( Il n'y a pas de justice !). Longue halte sous le porche pour digérer cette "Bérézina" et dehors il pleut toujours...