Autrans-Méaudre – 38 - Isère
du 13 au 18 août 2018
Guillaume Ballet, Pierre-Jean Barletta, Jean-Luc Lacroix, Thomas & Bruno Mischler.
Préambule
Tout est parti, l’été dernier, de la lecture du compte-rendu du Dom sur sa petite expédition au gouffre Berger lors du camps 2017. Je me suis dit que c’était peut-être l’occasion de créer une dynamique au sein du club. L’idée fait son bonhomme de chemin quand, aux JNS à la grotte de la Pontoise, Rémy Limagne me demande si le SCSC ne pourrait pas faire une demande d’autorisation pour la deuxième quinzaine du camp. Vu que la mairie d’Engin ne souhaite pas délivrer d’autorisations pour deux périodes consécutives à un même demandeur. Et nous voilà embarqué dans l’aventure "Berger 2018". Demande d’autorisation pour la deuxième période du camp – du 11 au 20 août – réunions de préparation avec Rémy et François, exposé du projet à l’AG du club – où, soit dit en passant, je récolte près d’une dizaine de promesses de participation – commande de matériel pour bénéficier de la réduction "Camp Berger" quand, au mois de mars, je reçois la confirmation de la Mairie d’Engin. Alors là ! Ça devient du sérieux. Puis l’été arrive et nous nous retrouvons tout juste cinq participants voire même que quatre, suite au forfait du Dom, mais rattrapé de justesse par la venue de dernière minute de Jean-Luc Lacroix.
Lundi 13
On arrive
Guillaume, Thomas, Bruno.
Départ tranquille de Ravilloles. La voiture était chargée la veille et nous ne sommes pas pressé car devons retrouver Guillaume en début d’après-midi chez Expé à Auberives. Midi et demi, nous nous trouvons une petite place au bord de la Bourne pour notre premier pique-nique de la semaine. Il fait beau malgré quelques cumulus qui bourgeonnent allègrement. Une fois la pause terminée nous plions les gaules et nous nous rendons chez Expé pour récupérer la commande de matos et Guillaume.
On arrive à peine tôt ; Le magasin n’est pas encore ouvert et Guillaume pas encore arrivé. Enfin ! Le magasin ouvre et Guillaume arrive dans la foulée. Nous récupérons notre matos et prenons la direction des plateaux du Vercors nord par la route des grands goulets. Arrivés au carrefour qui mène à la très connue grotte de Choranche (grotte Couffin pour les spéléos) nous nous arrêtons au belvédère afin de faire découvrir à Thomas et Guillaume le spectaculaire cirque de Bournillon. Puis vient la partie encaissée des gorges. Aussi spectaculaires qu’impressionnants les grands goulets longent les gorges de la Bourne avec leurs successions de tunnels et de "pas dans le vide". J’ai bien du mal à rester concentré sur la conduite tant il y a de porches à chaque virage. Thomas a du mal à croire que la route est empruntée par les cars et les grumiers mais, par expérience, je peux lui affirmer que si.
Une fois sur le plateau il y a comme un air de déjà vu. Le paysage nous fait penser aux hautes-combes du Jura. Puis nous voilà à Méaudre. Arrivés au camping, une fois les modalités d’entrée réglées, nous nous hâtons de monter les tentes car de gros nuages noirs arrivant par l’ouest, accompagnés de grondements sourds ne nous disent rien qui vaille. Et nous avons bien fait. À peine avions fini qu’il se met à tomber quelques gouttes. Nous suspendons, momentanément pensons-nous, notre installation ; Guillaume en profite pour aller visiter les toilettes quand, subitement, un déluge s’abat sur le camping. Des trombes d’eau accompagnées de fortes bourrasques de vent nous laissent entendre que les tentes sont bien montées. Thomas et moi, assis sur les deux chaises de camping que l’on avait pris soin de sortir, regardons les éléments déchaînés sans savoir où est passé Guillaume et regardons monter le niveau du ruisseau qui traverse le auvent de la tente. Jusque là tout va bien, quand arrive une voiture qui a la bonne idée de manœuvrer juste devant la tente, provoquant un raz de marée qui s’engouffre dans la chambre. Heureusement il n’y avait que mon lit de camp de monté. Résultat des courses : quelques litres à écoper.
L’orage fini par s’éloigner et nous retrouvons Guillaume, qui s’était retrouvé bloqué aux toilettes. Nous terminons de nous installer et allons prendre des nouvelles du camp Berger. Nous y retrouvons Rémy. Le planning est vierge de toute équipe. La veille ils ont subi le même orage et le trou est en cru. Par la même occasion nous apprenons que seul les Saints de glace sont équipés et nous n’avons pas le matériel nécessaire pour équiper le TQS (Trou qui souffle). Tant pis ! Nous ferons qu’une visite des Saints de glace.
Vient l’heure de l’apéro (ah ben tiens ! On est en vacances tout de même), nous nous installons devant les tentes, la pluie ayant cessé. Mais bien vite nous opérons un repli stratégique sous le auvent car l’accalmie fût de courte durée. Il pleuvra une grande partie – pour ne pas dire toute – la nuit. Ça commence bien !
Mardi 14
Les Saints de glace
Guillaume, Thomas, Bruno.
Le réveil est un peu difficile. Il pleut et j’ai mal dormi. 7H30 je finis par sortir de mon duvet et trouve Guillaume qui erre devant les tentes. Je lui file le bip et il fonce à Méaudre chercher les croissants. Pendant ce temps j’installe le petit déjeuner et réveille Thomas qui, lui, a dormi comme une souche. Le temps est gris et les nuages sont bien bas mais la pluie a cessé. Guillaume revient avec les croissants et les pains au chocolat (tout chaud) ; un vrai bonheur. Puis allons aux nouvelles pour voir ce qu’il est préconisé de faire ou pas ce jour. Nous retrouvons Rémy qui nous dit que pour les SdG (Saints de glace) pas de problème, ça va mouiller un peu mais sans plus. Par contre le Berger c’est pas la même musique. Pas mal d’eau dans le puits Aldo et le lac Cadoux est plein mais comme la météo va vers le beau, les équipes qui vont vers le fond ne devraient pas rencontrer de difficulté majeure. Bon ! Zut ! Voilà qu’il se remet à pleuvoir. À priori rien de bien méchant, le plafond commence à s’élever et on devine quelques tâches de ciel plus claire – pas encore bleu mais…
On se prépare tranquillement et on part pour les SdG. On passe devant le TQS (qui souffle bien) et on pose l’auto juste après, au départ du chemin qui mène aux SdG. Prudence étant mère de sûreté, avant de s’équiper, on va repérer l’entrée qui doit être à une centaine de mètre de là où nous sommes. Une voiture garée un peu plus loin sur le chemin nous laisse présager que nous ne seront pas tout seul car il y a des kits à l’intérieur. Rapidement nous trouvons l’entrée du trou et nous voyons une équipe y pénétrer. Retour à la voiture pour s’équiper.
10h30 nous rentrons sous terre. Le courant d’air est bien présent et ce n’est pas une légende. Un courant d’air bien établi et bien glacé. Dès le premier puits nous trouvons l’eau qui coule en petit ruisseau. Ça arrose bien dans les puits. Je ne reconnais pas la cavité mais faut dire que la dernière fois que je suis venu c’était… ben y a vingt ans. Et que ça a bien changé depuis. Au fait ! Pas de trace de l’équipe qui nous précède.
On se fait la série de puits sans problème, c’est super bien équipé. Pour la suite il n’y a qu’à suivre l’eau et le courant d’air. On arrive à la douche, où le ruisseau se perd mais le courant d’air est toujours présent pour nous indiquer la suite. Puis vient le toboggan. Et là les choses se gâtent. Le courant d’air et beaucoup plus diffus, il y a des marquages dans tous les sens et pas de galerie évidente. Ma mémoire me fait défaut et les diverses galeries explorées ne me disent rien qui vaille. On termine dans un beau méandre, où l’on retrouve l’eau, mais plusieurs mètres en dessous ; mieux vaut ne pas glisser. Bon ! c’est pas là non plus. La décision est prise de faire demi-tour et de ressortir.
Arrivés aux pieds des puits on entend une équipe qui remonte elle aussi. Sûrement l’équipe du matin qui ressort. Et, effectivement, quasiment au dernier puits les voilà qu’ils nous rattrapent. C’est une équipe de normand qui vient du fond. Nous les questionnons sur l’itinéraire à suivre et, quel ne fût pas notre déconvenue, d’apprendre que nous avons fait demi-tour – la première fois – à cinq minutes de la salle Hydrokarst. Un simple passage bas sur une gouille d’eau et hop ! Le tour est joué. Bon ben y a plus qu’à revenir demain.
Renseignements pris : le méandre que l’on a emprunté, au début du toboggan, est le méandre de l’anguille – qui passe au-dessus de la salle Hydrokarst – dont l’actif que l’on entendait débouche au sommet de ladite salle et permet d’effectuer la traversée TQS-SdG par le réseau Polyphème. Une des traversées les plus dures du réseau accumulant étroitures et galeries basses et glaiseuses, après moult rappels cela va de soit. Un vrai bonheur quoi !
14h : nous sommes dehors, sous un soleil radieux, et cassons la croûte sur le parking, sous l’œil ébahi des vaetétistes (Vélocipédistes Assistés Électriquement) étonnés de voir nos combines sécher. Bon d’accord ! On les avait, un peu, accroché sur les panneaux.
Côte atteinte : -200 ~
T.P.S.T. : 3h30
De retour au camping, nous mettons à finir de sécher nos affaires et décidons d’aller faire quelques emplettes à Méaudre. Juste le nécessaire de survie : une bouteille de chartreuse, une de génépi, un peu de fromage et une bonne binouze en terrasse pour méditer sur notre échec. Faut pas se laisser abattre.
En fin d’après-midi je reçois un coup de fil de Pierre-Jean. Il est "chaud-patate" pour demain. Je lui annonce le programme et il me jure d’être là pour 9h maxi, heure prévue pour notre nouvelle incursion aux SdG.
La journée se termine par un apéro suivi d’un petit repas sympa et une soirée à goûter les saveurs locales à la lueur du lumogaz.
Mercredi 15
Les Saints de glace – le retour
Guillaume, Pierre-Jean, Thomas, Bruno.
Cette fois tout va bien, malgré une nuit agitée dans le camping – allée et venue en pleine nuit d’une ou plusieurs équipes, accompagnées de claquements de portières, bruit de mousquetons, j’en passe et des meilleures. Tout le monde a bien dormi, pas de pluie, toujours les croissants apportés par Guillaume et… juste avant la fin du p’tit dèj. Qui frappe à la porte ? Pierre-Jean ! Qui se rue sur les restes du petit déjeuner, n’ayant pas pris le temps de le prendre (le p’tit dèj.) avant de partir, de peur de ne pas être à l’heure. Nous chargeons l’auto et, quinze minutes plus tard, nous voilà à pied d’œuvre. Le courant d’air, dès l’entrée, est bien établi et toujours aussi frais mais nettement moins d’eau dans la galerie. Les puits sont dévalés en deux temps trois mouvements. C’est une toute autre ambiance par rapport à la veille. Ça n’arrose plus dans les puits, voire même, ça ne coule quasi plus. Pierre-Jean est ébahi et nous, ben on joue les blasés. On arrive en bas du toboggan et… - moment de vérité - le passage bas, où l’on baisse à peine la tête en fait, et quelques mètres plus loin : le puits de la salle ! Ah mais je vous jure que si j’étais assez souple je me botterais le cul !
Et voilà enfin la salle Hydrokarst ! Et là ! C’est comme un flash. Tout me revient à l’esprit : l’arrivée d’eau dans le haut de la salle, le départ de la galerie Hydrokarst, la taille de la salle – un des plus grand vide du réseau. Après avoir pris pied dans la salle je commence à en faire le tour pendant que les autres arrivent tour à tour. Une botte est posée sur un bloc, au beau milieu de la salle, sûrement en attente de calcification. Puis une autre équipe arrive. Nous échangeons un peu ; ils vont en direction de la salle du Soupirail. Je retrouve les autres déjà attablés. Et là c’est le moment des tests. Chacun sort sa bougie fait maison, son réchaud bricolé ou du commerce. Pierre-Jean étrenne son poncho flambant neuf et pousse l’expérience jusqu’à tester une bougie à alcool de Guillaume sous ledit poncho. Thomas teste, quand à lui, les nouilles chinoises à différents parfums. Tout va pour le mieux. Échange de bouffe et retour d’expérience vont bon train. Quand, soudainement, Pierre-Jean s’exclame : Merde ! J’ai un trou dans mon poncho ! Nous le regardons tous éberlués et ne pouvons que constater, qu’effectivement, il y a un beau trou au milieu du poncho ; âgé d’à peine quelques heures ! Passé le moment de stupeur nous nous sentons obligés de soutenir Pierre-Jean dans cette dure épreuve non sans quelques railleries. Puis nous terminons notre repas quand Pierre-Jean nous sort, avec le plus grand sérieux, que son poncho bénéficie d’une avancée technologique comme nul autre pareil qui lui permet de tenir une tasse sans avoir froid à la main. Et on voit son index passer à travers le trou du poncho. Et là ! Fou rire général !
Passé ce petit moment de franche rigolade nous plions les gaules et reprenons notre visite. Tout d’abord la galerie Hydrokarst, avec ses coups de gouge gros comme des Twingo et, dans le bas de la galerie, les témoins de l’inversion de sens du courant. Galerie grandiose tant par ses dimensions que le spectacle qu’elle offre par ses phénomènes d’érosion : coups de gouge monstrueux au plafond, marmites de géant au sol, dédoublement de la galerie. Puis, inexorablement, le plafond se rapproche et nous arrivons sur une superbe plage de sable blanc face à une étendue d’eau limpide. C’est la voûte mouillante qui marque la fin de notre progression. Nous avons atteint la côte -269. Au-delà la galerie rejoint le siphon François nord.
Nous faisons demi-tour et rejoignons la salle Hydrokarst où nous retrouvons l’autre équipe en train de casser la croûte. Nous poursuivons notre visite en direction de la salle du Soupirail – un des points clé de la traversée TQS-Saints de glace. Une fois dans la galerie c’est changement d’ambiance : les parois sont noires et sèches mais toujours aussi vastes. Quand on voit les dimensions générales du trou on se demande comment se fait-il qu’il y est des étroitures. Au bout de quelques minutes de progression nous arrivons au deuxième terminus de notre visite. Le Soupirail ! Passage délicat. Une désescalade de quelques mètres dans le plancher de la salle, sous une concrétion. Ça passe bien mais faut pas se louper. Re-demi-tour mais cette fois pour de bon. Dernier passage par la salle Hydrokarst et direction la sortie.
Au cours de la remontée, après le passage de la douche, le trou a carrément changé de physionomie. Il n’y a plus le moindre filet d’eau et les puits sont totalement secs. En 24 heures le ruisseau qui alimente le haut du trou s’est complètement tari. Au pied du dernier puits nous rattrapons l’autre équipe qui est en train de s’entraîner sur un dégagement d’équipier par le haut. Apparemment ça ne se passe pas comme ils le souhaiteraient mais finissent par s’en sortir. Dehors c’est un soleil radieux qui nous accueille et l’écart de température se fait nettement sentir.
Côte atteinte : -269
T.P.S.T. : 5h00
Sur le retour, passage obligé à Méaudre pour fêter l’événement. Une bonne bière en terrasse. De retour au camping on passe voir Rémy au PC pour faire le point sur la journée du lendemain – le Grand Jour. On rencontre une équipe qui rentre du fond. Ils nous disent que, comme nous, le trou a radicalement changé entre le moment où ils sont descendus et quand ils sont remontés. Pour exemple le passage du lac Cadoux : à la descente ils sont passés par les mains courantes en rive gauche, le lac plein à raz bord et au retour, quelques dizaines heures plus tard, ils sont passés par le milieu du lac… à pied sec et, arrivés au début de la grande galerie, ils ont fait demi-tour pour s’assurer qu’ils avaient bien passés le lac.
Petite douche et moment de détente. Jean-Luc en profite pour arriver. On cale les horaires et préparons les kits. On table sur une base horaire de 10h pour un objectif de -640 avec un départ du camping à 8h30 ; ce qui nous fait un bon 10h au trou, le tout noté sur le planning du PC. Pierre-Jean, après s’être frotté les genoux à la pommade miracle en prévision du lendemain, prend conscience que nous sommes le 15 août et que tout est fermé ; résultat, pas de bouffe pour demain. Finalement le camping vend des snack et nous voyons Pierre-Jean revenir avec trois croque-monsieur. Hum ! Quel festin !
Petite soirée gentillette avant d’aller aux plumes.
Jeudi 16
Gouffre Berger – Le Grand Jour
Guillaume, Pierre-Jean, Jean-Luc, Thomas, Bruno.
Et voilà ! C’est le "Grand Jour". Le moment tant attendu. 7h. Tout le monde est réveillé, frais dispo. Thomas a dormi comme une souche – pour pas changer – et Guillaume a vissé des plaquettes toutes la nuit. Cette fois c’est Jean-Luc qui part aux croissants. On prend un copieux petit déjeuner, on fini de charger la voiture et… en avant Guingamp ! Votre serviteur comme commandant de bord, Jean-Luc à la place du copilote et Pierre-Jean, Guillaume et Thomas en passagers. Nous prenons la route de Autrans. Le temps est superbe, les paysages magnifiques et on est dans les clous. Que demander de plus. Arrivés à Autrans je suis les indications de Jean-Luc et nous voyons les paysages défiler le long de la route forestière quand, soudain, un superbe panneau d’interdiction nous barre la route. Petite interrogation de notre part ! Les participants au "camp Berger" bénéficieraient-ils d’un statut d’ayant droit ? Mais au regard courroucé du groupe de marcheurs qui nous fait face le doute nous envahi. Jean-Luc se replonge aussi sec sur la carte et se rend compte qu’il s’est fourvoyé et, par la même occasion, nous a envoyé sur le mauvais chemin. Après, pour sa décharge, il n’a pas pris ses lunettes et l’écran de mon téléphone ne fait pas 15 pouces non plus. Donc demi-tour et retour à Autrans, enfin presque. Arrivés au carrefour en question cette fois, après moult vérifications, nous prenons la bonne route et finissons par arriver au parking. Nous chargeons les sacs et c’est parti pour une petite heure de marche. On nous avait vendu l’itinéraire comme "bien balisé" mais heureusement qu’avec une carte et une bonne mémoire on s’en sort pas trop mal.
Le passage devant le scialet aux écritures en est la preuve. Le sentier est bien marqué jusqu’à ce que l’on arrive dans un sous-bois où... là ça devient plus diffus, moins net ! Alors on se regroupe, on consulte la carte, la boussole et après concertation on s’engage sur un chemin descendant. Au bout de quelques mètres on tombe sur une équipe en train de faire une pause. C’est une équipe qui sort du trou, qui vient du fond et qui nous confirme que nous sommes bien sur le bon chemin. Ils nous signalent qu’au prochain carrefour il nous faudra bien prendre à droite et que nous ne sommes plus très loin du gouffre. Nous reprenons notre route tout en étant très attentif audit carrefour. Et effectivement, arrivés au lieu dit, il est vite fait de passer tout droit. Nous voilà maintenant sur le lapiaz. Et à en voir l’étendue on se demande comment les anciens on fait pour y repérer le gouffre ! Puis nous voilà arrivé avec une petite demi-heure de retard sur l’horaire prévu. Il y a un peu de monde à l’entrée. Deux équipes de la "Co Jeune" en fait. Une, composée de cinq gars, en partance pour le fond et une autre – quatre gars une fille – avec, sensiblement, le même objectif que nous, c’est-à-dire : le vestiaire ; peut-être les Couffinades si tout va bien. Un petit tour autour du gouffre pour voir les diverses inscriptions des anciens et un petit moment de recueillement devant les quelques plaques commémoratives. Nous nous notons sur le registre d’entrée. Pour le moment nous sommes cinq équipes dans le trou, ou en cours de descente. Nous nous équipons alors que la première équipe s’engage sous terre. Nous sommes prêt avant la deuxième équipe de la "Co Jeune".
10h45 : nous entrons sous terre avec ardeur et non pas sans une certaine appréhension ; nous pénétrons dans un des gouffres les plus mythiques du monde spéléo, le Mont Blanc des spéléos. Ardeur bien vite refroidie ! Une équipe est en sortance. Il va falloir la laisser passer. Nous sommes au pied du puits d’entrée quand on voit une équipe de trois parisiens qui ressort. Ils viennent du fond et entament leur vingt-cinquième heure sous terre. Enfin ! Quand je dis "parisiens" devrais-je plutôt dire : zombis parisiens ! Les gars sont explosés. Surtout le dernier, que nous aidons à sortir du deuxième puits, et après avoir fait un demi-tour pour se délonger se retrouve face à nous et nous regarde d’un air agar en se demandant : qui sont ces gens dans mon salon ? Et là je crois bon de lui faire la blague de : tes collègues nous ont dit qu’il fallait que tu retournes au puits du Cairn car ils ont oublié un kit. À ce moment-là on peut lire tout le désarroi du monde dans ses yeux et on le sent réprimer un sanglot. Et il nous lâche un : ben tant pis ! M’en fout, je sors ! Bon d’accord ! Y a des blagues qu’il ne faut pas faire. On verra la tête qu’on aura nous quand on sortira. Cette fois le chemin est libre et on entame la descente pour de bon. Les puits sont équipés à double, corde plein gaz pour la descente et corde fractionnée pour la montée. L’équipement est nickel. On voit que ce sont les cadres de la "Co Jeune" qui ont équipé. Le puits du Cairn est rapidement atteint et vient le premier méandre, agréable, facile, sans réelle difficulté. Du bruit derrière nous. c’est la deuxième équipe de la "Co Jeune" qui nous a rattrapé. Nous croisons une autre équipe qui remonte, beaucoup plus fraîche que les parisiens. Le croisement se fait facilement, il y a de la place. Puis nous continuons notre progression tout en sentant l’équipe derrière nous qui trépigne. Un appel à Jean-Luc, qui ouvre la marche, pour lui signifier l’impatience de nos suiveurs et, à la première occasion, on les laisse doubler. On ne les reverra plus.
Arrive enfin le puits Garby. Magnifique ! Un superbe puits, grand, beau, haut de 38m. À la base du puits on s’engage dans le deuxième méandre. Un peu plus "intime". Par endroit on sent qu’il ne faut pas zipper car le fond du méandre est un peu… loin. Comme s’il y avait besoin de le confirmer, bientôt apparaissent des mains courantes. On arrive au sommet du puits Gontard (28m) puis s’enchaînent les ressauts Aldo avant d’arriver au puits Aldo, clou du spectacle avec ses 42m et son diamètre impressionnant, faisant passer le puits Gontard pour un vulgaire ressaut. Au pied du puits une galerie donne sur une ouverture de taille modeste – pour le lieu – qui, au fur et à mesure que l’on s’en approche nous dit que derrière quelque chose va changer.
On franchi la "lucarne" est là ! BOUM ! C’est l’explosion. Pour un peu on se croirait ressorti par une nuit sans lune. On est dans un autre univers, une autre dimension. Nous sommes à -250, nous sommes arrivés dans la "Grande Galerie". Et quand on dit "Grande Galerie" c’est vraiment Grande. Et ce n’est que le début. Accrochez-vous à votre casque parce que la suite va décoiffer. Une petite pensée émue pour les anciens et à ce qu’ils ont pu ressentir le jour de la première, avec leur éclairage dérisoire et les conditions matériels de l’époque. Chapeau bas messieurs !
Nous poursuivons notre progression tout en cherchant le plafond à grand coup de phare – vive l’éclairage à LED – ainsi que des points de repère pour se donner une idée de la taille de la galerie. Nous arrivons au lac Cadoux, bien sec ; on ne dirait pas qu’il était en cru au début de la semaine. Puis la salle Bourgin, où l’on retrouve l’actif à son point bas, que l’on suit jusqu’à l’arrivée au-dessus du "Grand Éboulis". Alors que l’on pensait avoir vu du grand et utilisé pas mal de superlatifs, là les bras nous en tombent. C’est… monstrueux ! Guillaume, qui jusqu’à présent avait du mal à se contenir, nous donne l’impression d’être un gamin boulimique dans un magasin de bonbons. Nous tous n’en revenons pas des dimensions du truc ! La progression parmi les blocs, parfois de taille imposante, nous est facilité par le balisage en place. Discret mais efficace. Très efficace. Puis à mis parcours un petit coup d’œil en arrière nous donne l’ampleur de la tâche qui nous attend au retour. Pierre-Jean commence à se soucier de ses genoux. Nous arrivons au camp 1 où une équipe de spéléos ukrainiens – enfin de par là-bas du moins – se prépare à faire un petit somme. Nous passons alors notre chemin quand une odeur caractéristique nous pique le nez. Juste sous le bivouac, sous un énorme bloc, nous découvrons les latrines du camp ; bien du courage à ceux qui vont s’attaquer à la dépollution du lieu. Nous poursuivons notre descente et nous arrivons à la salle des Treize.
Salle mythique qui a été mainte et mainte fois prise en photo et qui illustre nombre de publications sur le gouffre. La dernière en date étant celle, datant de 2017, où l’on y voit une équipe de la "Co Jeune" reproduire le célèbre cliché des sept explorateurs après la découverte de la salle des Treize en 1954. Puis la salle Germain, qui avec la salle des Treize débordent de concrétions, suivie d’une vaste étendue de gours, à sec pour le coup, à la suite desquels nous débouchons sur une série de puits et de ressauts où l’on retrouve l’actif. Nous arrivons au vestiaire avec la très célèbre concrétion du Vagin. Nous descendons le puits et arrivons sur une galerie où l’actif est devenu une vraie rivière, calme mais assez profonde pour ne pas la traverser à pied. Je consulte mon altimètre qui indique -585. Bizarre !
Logiquement nous devrions être à l’entrée des Couffinades, autrement dit : -640. Mais bon ! À partir de là petit moment de doute et un petit flottement se fait ressentir dans l’équipe. Nous commençons à nous engager au dessus de la rivière, au début sur les cailloux affleurants puis en oppo sur de petits becquets et quelques banquettes. Et soudainement ça bouchonne. Renseignement pris c’est une équipe qui remonte du fond qui arrive en face de nous. Derrière on entend que ça discute, ça questionne. Puis un gros plouf se fait entendre et nous voyons trois gus nous passer sous les jambes dans l’eau jusqu’à mi-cuisse comme des beaux diables. Apparemment ils n’auront pas eu la patience d’attendre notre passage. Nous poursuivons notre progression qui, d’abord facile, devient vite sportive. La galerie, petit à petit, s’élargit et apparaissent des mains courantes.
De belles cordes, bien tonchées, pas super bien équipées du tout, soit trop basses, soit pas assez tendues. Ça commence sérieusement à tirer sur les bras. Nous stoppons progression et nous questionnons Jean-Luc qui est devant mais hors de vue. Il ne voit pas la fin de la galerie et le virage qui le cache à notre vue se négocie par une tyrolienne au raz de la flotte. Ambiance ! Petit moment de concertation et il semblerait judicieux pour tout le monde de s’arrêter là. Jean-Luc fait demi-tour et nous le voyons revenir sur la tyro. Effectivement ! Ça mouille pas mais faut pas jouer. Nous rebroussons chemin quand, subitement, je vois disparaître Guillaume de mon champ de vision accompagné d’un claquement sec. Guillaume se retrouve les pieds dans l’eau, heureusement, accroché à la main courante. Il se hisse au sec et, passé le moment de stupeur, nous examinons le pourquoi du comment de cet incident. Tout d’abord nous pensions que la main courante était passée derrière un becquet et, qu’au moment du demi-tour de Guillaume, s’était brutalement libérée. Mais que nenni ! En poussant plus avant notre inspection nous trouvons la cause de ladite chute : un amarrage a tout simplement lâché ! Enfin plus de peur que de mal. Nous ressortons de la galerie et faisons le point. Il 16h et ça fait 5h40 que nous progressons sans s’arrêter. Nous devrions être arrivé à notre terminus : le Vestiaire ou le début des Couffinades mais avec l’indication de l’altimètre (-585) nous ne sommes plus très sûr de nous. Bref ! La décision est prise de remonter. Mais avant toutes choses il nous faut casser la croûte. Nous allons donc remonter un peu, sortir de cette zone humide et quelque peu bruyante, se trouver un coin au sec et au calme pour une petite pause bien mérité.
Le fait de se dire que l’on entame la remontée nous donne du baume au cœur et un petit air de légèreté flotte dans l’air. Nous entamons la remontée des quelques puits et ressauts dans une ambiance bon enfant. Guillaume en tête suivi de Pierre-Jean, Jean-Luc, Thomas et moi légèrement derrière. Nous remontons tranquillement quand on arrive au somment d’un dôme de calcite et nous trouvons Pierre-Jean allongé par terre au pied d’une corde en train de regarder Guillaume remontant le long de la paroi. Nous faisons remarquer à Pierre-Jean qu’il n’est pas prudent de rester allongé sous la corde. Tous trois pris par une conversation technique stationnons le long de la paroi sans plus prêter attention à ce qui se passe autour de nous. Puis on entend Guillaume crier "Libre". Pierre-Jean s’élance à son tour. Quand, tout à coup, un gros bruit d’impact nous fait sursauter et une volée de cailloux vient nous frôler.
Une fois l’effet de surprise passé nous questionnons Guillaume et Pierre-Jean qui nous disent qu’ils n’ont rien vu, rien entendu. Nous en sommes quitte pour une belle frayeur. Nous inspectons le lieu de l’impact, à peu près où était couché Pierre-Jean, et ne trouvons quasiment rien, sinon des bouts de concrétion ou de mondmilch. On a frisé la correctionnelle ! Puis vient le tour de Thomas et moi-même. J’entame alors ma remontée et, au bout d’un moment, me dis que ce jet est bien long. Je commence alors à regarder autour de moi et ne reconnais pas les lieux. Je lève alors la tête et vois, au-dessus de moi, l’arrivée de la corde fixée sous un toit avec un bout de vire en plafond pour rejoindre une margelle à quelques mètres de là. Quel ne fût pas mon étonnement ! "Mais on est jamais passé par là" me dis-je en moi-même. Et au même moment on entend Guillaume demander : "Dîtes ! C’est par où la suite ?" Et là ! Tout s’enchaîne. Jean-Luc, resté seul en bas, fait quelques pas "histoire de" et remarque que la suite est sur l’autre rive de la coulée derrière un gros bloc.
Marche arrière toute ! Je ne prends même pas la peine de monter au fractio. Je fais une superbe conversion et descends derechef. Arrivé au sol je rejoins Jean-Luc et vois, effectivement, la suite du parcours. Jean-Luc part reconnaître la suite pendant que j’attends les autres. Je vois Thomas arriver au bord du puits puis plus rien. Petit moment d’attente. Je lui demande si tout va bien et il me répond qu’il ne sait pas comment rejoindre la tête de puits. Pour le peu que j’en ai vu il est vrai que ce n’est pas évident. Ce n’est pas de l’équipement classique, sûrement même de première et la vire est pour le moins pas très académique. J’entreprends de le guider à distance quand, petit à petit, je sens le gars Thomas qui commence sérieusement à stresser, pour ne pas dire paniquer. Ambiance ! S’il nous coule un bielle là-haut, pour aller le chercher ça va être coton. Un petit moment se passe et le voilà qui reprend ses esprits. Je continue à lui indiquer la marche à suivre et le voilà pendu sur la corde de descente dans un superbe pendule, le temps que je retraverse la galerie pour saisir la corde et mettre fin au petit manège. Une fois au sol je le vois se décomposer et se mettre à trembler comme une feuille. Congratulation et tape sur l’épaule pour le féliciter et je l’envoie vers Jean-Luc, un peu plus loin, pour se remettre de ses émotions. Quand à moi je retourne à mon poste de guet pour attendre nos deux compères. Guillaume, fermant la marche, arrivant vers moi se confondant en excuse et se botterait bien le cul s’il était assez souple lui aussi. Bon ! L’équipe est au complet et en entier, c’est le principal. Et maintenant, on mange ! On se trouve un petit coin sympa, du côté de la salle Germain, et : "Les garçons et Guillaume, à table !".
Il est 18h environ, polaires, poncho troué, bougies diverses et variées sont de sortie. Le Berger c’est beau mais c’est pas chaud. Les réchauds carburent plein pantet. Nous sommes en pleines agapes quand du bruit se fait entendre. Ça vient de l’aval. Puis de la lumière. C’est l’équipe de gars de la "Co Jeune" qui remonte du fond. Eux aussi vont casser la croûte mais à la salle des Treize.
Devant les pauvres croque-monsieur tout mous de Pierre-Jean chacun a pitié et lui file un peu de ses nouilles au curry, nature ou de son sosse. Une fois le dernier carré de chocolat avalé avec un fond de café, comme disait mon grand-père : "Voilà l’facteur remis sur l’vélo !". Ah ! J’allais oublier : nous avons une petite pensée émue pour le Dom, qui aurait dû être avec nous. Dom ! Si tu nous lis… On plie bagage et on repart en direction de la sortie. Pas une mince affaire car on a encore un p’tit bout de route. À la salle des Treize nous retrouvons l’équipe de la "Co Jeune" en plein casse-croûte. À peine les avons-nous dépassé qu’en voilà déjà qui nous double comme des fusées. Nous passons devant le bivouac du Camp 1 sans faire de bruit, des fois qu’ils y en auraient qui roupilles.
Puis on attaque le Grand Éboulis. Tout va pour le mieux jusqu’à ce que je glisse sur un bloc et, dans un superbe demi-tour, je vois Guillaume se jeter sur moi et procéder à un plaquage en règle. Nous terminons tous les deux couchés sur un gros bloc et quand je me relève je vois le regard effaré de Guillaume. Machinalement je me retourne et constate que derrière ledit bloc un à-pic de quelques mètres – assez haut pour déclencher un secours – me tendait les bras ! Merci Guillaume ! Je t’en dois une. Bon ! On va peut-être arrêter de jouer les babeux avant que ça tourne au vinaigre pour de bon.
Peu avant la sortie du Grand Éboulis le dernier de l’équipe de la "Co Jeune" nous rattrape par la droite de la galerie et nous met un vent tout comme ses congénères. Mais y sont jamais fatigués ces gars là ?
Et enfin le lac Cadoux ! Non pas qu’on en est plein les pattes mais ça commence à sentir bon la sortie. Nous entamons la Grande Galerie, toujours aussi grande et bien plus impressionnante à la montée qu’à la descente. Question de perspective sûrement. Puis juste au carrefour du puits Aldo et de la galerie Petzl, des lumières. Un groupe est là qui attend. On s’approche et qui a-t-on la surprise de voir ? France Rocourt avec des gars – et filles – de son club qui sont en train d’attendre une autre équipe de son club qui fait la traversée Puits Mary-Gouffre Berger. S’en suit une petit discussion avec Jean-Luc qui a un peu traîné sous terre avec France quand il passait son B.E.. Alors que nous reprenons notre route , Jean-Luc reste discuter un peu. De toute façon y a pas l’feu ! Le temps que tout le monde grimpe, ça laisse un peu de temps.
Nous voilà au pied du puits Aldo. Beau morceau quand même ! Tiens ! Au fait. Je consulte mon altimètre et : Ô surprise ! Nous somme bien à -250. C’est à n’y plus rien comprendre ! On fractionne l’équipe afin d’avoir une remontée la plus fluide possible. Guillaume et Pierre-Jean en tête, Jean-Luc au milieu, qui fait la jonction avec Thomas et moi. Thomas remonte sur la corde fractionnée pendant que je l’accompagne sur le jet plein gaz. Ben j’peux vous dire que rattaquer les grands jets sur une corde qui fait le yoyo ; c’est pas simple. Je galère comme pas possible pour trouver mon rythme. Enfin arrivé à mi-puits ça va quand même bien mieux. Pour un peu l’gars Thomas me mettrait presque la misère !
Nous voilà dans le méandre. Tranquille ! À l’aise. Ça passe bien. Le puits Gontard est une formalité quoique ça commence un peu à tirer sur les bras. Rebelote pour le puits Garby que je trouve presque plus long que le puits Aldo. Vivement que ça se termine. Le dernier méandre est un peu plus glissant qu’à l’aller me semble-t-il. La fatigue sûrement. Mais voilà le puits du Cairn où une petite pause s’impose. Au moment où l’on attaque les derniers puits voilà l’équipe "de" France qui nous rejoint et nous talonne.
23h15, enfin la sortie ! Quel réel bonheur ! Il fait nuit, le ciel est tout étoilé et la lune brille. Il fait doux. On sort de la doline et là ! Surprise ! C’est noir de monde. On retrouve l’équipe des gars de la "Co Jeune" et une ribambelle de gars sur le départ. On nous dit qu’une dégradation météo est prévue pour demain dans la journée. Alors toutes les équipes du fond ont été décalées à cette nuit de manière à avoir repassé les parties craignos avant la pluie. Puis arrive l’équipe "de" France et aussi la deuxième équipe de la "Co Jeune" qui nous avait doublée à la descente. Ça fini par faire pas mal de spéléos au mètre carré de lapiaz.
Chacun se congratule pour cette belle sortie et pour cette bonne ambiance. 12H40 de "BELLE" spéléo. On se change et on termine les derniers morceaux de chocolat. Une dernière photo pour le : avant/après. Et c’est parti pour une heure de marche. Allez ! Encore une.
La température est très agréable et le balisage… TRÈS efficace. Invisible de jour, c’est la nuit qu’il se montre. Des petits bâtons de rubalise judicieusement positionnés nous tracent le chemin, mieux que les cailloux du petit Poucet. On voit que ça sent l’écurie car au bout de quelques minutes on a du mal retenir Jean-Luc et régulièrement on le trouve à nous attendre le long du chemin. Malgré la douceur de la nuit et le chemin plutôt facile la fatigue commence vraiment à se faire sentir ainsi que la faim. Dans les esprits une seule chose compte : arriver au parking, une bonne platée de nouille le cul posé par terre !
1h du matin enfin le parking. Zut ! Un camping car est garé pile-poil à côté de l’auto. Tant pis ! On déplacera l’auto, pas question d’attendre, on mangera ici. Arrivés à la voiture on a beau faire le moins de bruit possible ça se met à bouger dans le camping car. Ben c’est gagné ! On a réveillé le proprio. Un bruit de porte, des pas dans les graviers et qui on voit apparaître ? Denis Millet !
Il m’avait bien appelé en début de séjour pour me dire qu’il passerait nous voir avec Valérie et… son camping car. Voilà pourquoi le camping car est garé juste à côté de notre voiture.
Aussitôt les réchauds s’allument, les pâtes cuisent, les capsules de bière sautent, le saucisson et le chocolat coulent à flot… euh, non ! Pas le chocolat ! Ce petit casse-croûte sous la voûte céleste est un vrai bonheur. Nos agapes terminées nous prenons congé de Denis et prenons la route : direction le camping, où une bonne douche et un peu de repos nous attendent. Malgré la fatigue le retour ne nous semble pas aussi long que l’aller.
Arrivé au camping c’est la ruée vers la douche ! Et, juste après, c’est rendez-vous sous la tente du PC pour un ultime pot afin d’arroser notre sortie au Berger… à la Chartreuse !
3h du matin : fin des hostilités ! Tout le monde regagne son couchage pour un repos bien mérité.
Côte atteinte : -640
développé : 2 400 m
T.P.S.T. : 12h40
Vendredi 17
Malgré l’heure tardive du couché, à 8h Guillaume, Jean-Luc et moi sommes déjà levé. Le petit-déjeuner avec les croissants – c’est devenu une institution – et l’odeur du café finissent par tirer Pierre-Jean des plumes, pour Thomas il faudra aller secouer la tente pour le ramener à la vie. La météo annoncée la veille se précise. Le soleil matinal est bien vite remplacé par des gros nuages qui ne présagent rien de bon. Sur ce, le prévisionnel de la journée en est tout chamboulé. Jean-Luc – mais ça c’était prévu – s’en retourne retrouver Anne et ses filles dans le sud et Guillaume, vu que l’on ne fera pas Bournillon, préfère rentrer car demain il doit participer à l’assistance du triathlon du lac de Vouglans. Par la même occasion Pierre-Jean lui emboîte le pas de manière à ne pas se perdre tout seul sur le chemin du retour.
Juste avant de partir nous nous rendons au PC pour faire un petit debrief avec Rémy qui vient juste d’arriver.
Donc, apparemment, nous avons bien atteint notre objectif et malgré le petit détour que nous a fait faire Guillaume nous sommes resté dans les temps que l’on s’était fixé.
Pour en revenir au petit détour, Rémy nous apprend que nous nous sommes fourvoyés dans le réseau Yves et que nous sommes la troisième équipe à s’être plantée. Ce qui lui fait penser qu’il faut vraiment faire quelque chose pour signaler ce secteur.
La pluie qui se met à tomber sonne l’heure du départ pour nos trois compères. Thomas en profite pour retourner dans son duvet voir si tout se passe bien. Quand à moi je erre tel une âme en peine au milieu du camping, seul et désœuvré, jusqu’à ce que mon téléphone sonne. C’est Denis. Ils vont quitter le plateau de la Molière. On se donne rendez-vous à Méaudre pour le déjeuner.
On retrouve Valérie et Denis sur le parking à l’entrée de Méaudre et on part en quête d’un resto.
Enfin un vrai repas ! Ça change des boîtes, du riz et des pâtes et Thomas est tout content de manger de la vraie viande.
Le repas terminé, Valérie et Denis partent pour une petite rando et nous, nous retournons au camping pour une petite sieste et commencer le rangement.
Heureusement il s’est arrêté de pleuvoir voire même il fait limite beau. Dommage on aurait pu faire Bournillon.
L’après-midi se passe entre sieste, démontage de tente et rangement de matériel. Un petit tour à la réception pour régler le séjour et au PC où je retrouve Rémy.
On est en train de discuter de choses et d’autres sur le Berger quand arrive deux gars, des hollandais. Une équipe partie hier, avant nous. Et ils nous racontent leur aventure.
Partis pour le fond ils se sont arrêtés aux Couffinades, l’un d’eux ayant une entorse à un doigt, ils ont préféré ne pas continuer. Puis en remontant, tout comme nous, ils se sont enfilés tous les sept dans le réseau Yves mais jusqu’à ce qu’ils n’y est plus de cordes. Et là seulement ils se sont rendu compte qu’ils n’étaient pas sur le bon chemin. Et pour couronner le tout un autre équipier s’est foulé une cheville. Résultat des courses : 20 heures pour faire l’aller-retour jusqu’aux Couffinades.
Finalement on s’en sort pas si mal !
Samedi 18
Ça y est ! C’est la fin du camp, pour nous tout du moins. La dernière tente est pliée, la voiture finie d’être charger. Les derniers au revoir et nous voilà partis.
Ce fût une belle aventure.
Je tiens à remercier, ici, tous les participants : Guillaume, Pierre-Jean, Jean-Luc et Thomas pour leur bonne humeur et leur engagement. François Jacquier – le président – pour son soutient ainsi que le club pour sa participation financière.
Et pour clore le sujet je n’aurai qu’une chose à dire :
À l’année prochaine pour faire le fond !
Topo et itinéraire
Descente : 5h40 (jusqu’à la côte -640)
Montée : 7h (avec la pause)
T.P.S.T. : 12h40
Accès et situation
Temps de marche : 1h~