(ou Bief Blanc, longueur : 4000m, dénivellation : 640 m)
Tout commence vers 1977 (faute d’écrits, la date n’est pas sûre à 100 %) lorsqu’à la recherche de cavités nouvelles, des membres du Spéléo-Club (Christine et Denis Hochedé, Christian Locatelli et Dominique Guyétand sous la houlette de Robert Le Pennec) attaquent la descente du Bief des Parres.
À cette époque (il y a plus de 35 ans !), le terme canyoning n’existe pas encore et même le mot canyon ne sert qu’à qualifier des phénomènes géologiques d’ampleur tels le Verdon ou le Colorado …
Cette descente improvisée se réalise sans équipement pour affronter l’eau car … à priori, on pense ne pas en trouver !
En effet, ce ruisseau temporaire qui court sur un plateau karstique vers 1100 m d’altitude est truffé de pertes (hélas impénétrables) qui barrent souvent la route à l’eau dans la partie aval qui dégringole de 600 m dans un vallon situé dans les pentes sud des gorges du Flumen.
La perspective de trouver d’autres pertes pénétrables et des résurgences le long du lit du bief motive la troupe simplement équipée d’un bout de corde et de quelques spits.
Cette balade est longue de plus de 4000 m, aussi le premier tiers qui se passe encore sur le plateau des Moussières est monotone et presque sans obstacles majeurs, tout au plus quelques petites cascades sèches et quelques porches de grottes sans continuations.
Les difficultés débutent au bord du plateau où la pente s’accentue et les verticales commencent à se succéder et avec à leurs bases … des marmites plus ou moins profondes, que personne n’a envie de tester.
L’encaissement, peu important est souvent ponctuel et large.
Le contournement est alors le maître mot, vu qu’il est possible, même au prix d’escalades et de traversée parfois bien plus "expos" que le bain d’eau glacé et croupie …
À la fin de la journée, le retour à la civilisation se fait avec un bilan quasi négatif spéléologiquement parlant, même si on est conscient que les contournements d’obstacles parfois assez longs tels que des encaissements aquatiques n’ont pas permis de tout voir…
Aussi, guère plus tard, une autre équipe du club (emmenée par Serge Tournier) effectuera la descente en schuntant un peu moins de ces parties aquatiques, sans toutefois visiter l’ensemble du lit et sans trouver de cavités intéressantes.
Puis c’est l’oublie pendant plus de 10 ans.
En 1988, Dominique Guyétand est de retour dans sa région natale et le monde du canyon commence à faire doucement du bruit.
Il n’a pas oublié cette belle aventure inachevée et décide de reprendre l’exploration et surtout l’équipement en fixe, car le club vient de faire l’acquisition d’une arme redoutable et nouvelle : un perfo autonome sur accus !
C’est la révolution.
Cet outil (un Bosch GBH 24 v) va ouvrir de nouvelles perspectives en pouvant forer à volonté des trous dans lesquels on va pouvoir sceller … quelque chose à la fois résistant et pas cher.
Il n’est pas encore question de goujons et de broches et les plaquettes + maillons sont trop onéreux, ça sera donc du fer à béton collé au Sintofer (mastique avec durcisseur utilisé par le papa carrossier).
Et la mode étant encore à la longue corde lovée en deux écheveaux, les fers à béton seront scellés sous la forme d’un simple crochet ouvert et doublé !
Je sais, maintenant ça fait froid dans le dos mais c’était facile à faire, facile à poser, et facile à utiliser.
Une fois à l’amarrage, il suffisait d’accrocher la corde en son milieu, de défaire les deux écheveaux et de les balancer en bas, génial non ?
Évidemment, attention au décrochage au départ ! La contrainte était quand même de placer les tiges toujours travaillant au cisaillement et suffisamment hautes pour éviter de voir sortir la corde non encore tendue…
Mais le plus drôle dans cette histoire, c’est quand même qu’à cette époque, le club ne possédait qu’un seul et unique accus !
Vous imaginez donc le nombre de descentes nécessaires pour finaliser le projet, contrecarré aussi par le fait que déjà, cette activité qui était en train de devenir le canyoning, ne faisant pas l’unanimité au club et que les équipiers étaient très difficiles à trouver.
Malgré tout, en août 1989, Philippe Gilotte, Dominique et Dominique Guyétand réalisaient la première descente intégrale du Bief, cette fois réellement par le fond, sans néoprènes, ni casques d’ailleurs ! …